Pie XII et Maria Valtorta - par François-Michel Debroise


Le pape Pie XII a-t-il vraiment encouragé 
la publication de l’Œuvre de Maria Valtorta ?

Pour qu’un événement soit historiquement reconnu comme vrai, il faut qu’il soit :
  • attesté par plusieurs sources, 
  • cohérent, 
  • plausible.
C’est bien le cas de l’encouragement de Pie XII qu’on ne peut plus contester désormais. En voici la démonstration en 5 points.

1 - L’œuvre de Maria Valtorta, déjà remarquée, a été soumise directement à Pie XII.

Le 26 février 1948, le Souverain-Pontife reçoit en audience les PP. C. Berti, R. Migliorini et leur supérieur A. Cecchin (Attestée par l’Osservatore romano n° 48 du lendemain.). Un seul motif pouvait réunir ces trois ecclésiastiques : Maria Valtorta. Ses écrits sont donc bien l’objet de l’audience. Imagine-t-on que l’on pouvait solliciter le Saint-Père pour une révélation privée romancée ou anodine ? Nul ne le croit.

En effet, la vie de Jésus de Maria Valtorta avait déjà été prise en charge par l’ordre des Servites de Marie. Elle était donc remarquable bien qu’inachevée.

Déjà, en août 1946, à la demande du Prieur, le P. G. Roschini, avait examiné les premières visions dans lesquelles il ne trouvait rien à redire. Il en témoigne lui-même (P. Gabriel M. Roschini, La Vierge Marie dans l’œuvre de Maria Valtorta, déclaration de l’auteur.). C’était un brillant théologien, fondateur de l’université pontificale mariale Marianum.

En janvier 1947, le Père Berti parle de soumettre les écrits de Maria Valtorta directement au Saint-Père (Cahiers, 31 janvier 1947.). Ce qui fut fait par l’intermédiaire de Mgr Francesco Norese, archiviste de la Secrétairerie d’État qu’il connaissait.

Il y a donc un lien entre l’audience, un an plus tard, et l’œuvre de Maria Valtorta. L’intérêt suscité par la lecture de l’œuvre qu’en fit le Pape, justifiait cette audience.
Le secrétaire particulier de Pie XII était alors Mgr Giovanni Battista Montini, futur Paul VI. Il rejoindra plus tard, à sa façon, la défense de l’œuvre et il fut témoin de nombreux événements qui suivirent.

2 - L’encouragement explicite du Saint-Père déclenche immédiatement la publication de l’œuvre.

Cet encouragement que Pie XII donna à la vie de Jésus qu’il venait de lire, fut consigné par les trois prêtres dès la sortie de l’audience afin de ne pas en oublier les termes :
« Publiez l'œuvre tel quelle. Il n’y a pas lieu de donner une opinion quant à son origine, qu’elle soit extraordinaire ou non. Ceux qui liront comprendront. »
Ceci sera certifié plus tard par le P. Berti dans un écrit sous serment (Affidavit du 8 décembre 1978) et par le P. Cecchin qui en témoigna auprès du P. Peter Mary Rookey, un servite de Marie comme lui (La cause de béatification du P. Cecchin a été introduite en 2002 et le P. Rookey est connu pour son ministère de guérison.).

Le 11 juillet 1948, un prêtre de la Secrétairerie d'État (la plus haute instance du Vatican) fait demander à Maria Valtorta, par l’entremise du Père Berti, où se trouve la tombe de Saint Pierre que l’on cherchait alors. Preuve, s’il en était besoin, de la crédibilité et de la haute considération dont jouissait la mystique dans l’entourage direct du Pape.

Ce ne fut pas le seul témoin de cet intérêt : Le Père Augustin Bea (futur cardinal), confesseur de Pie XII, ainsi que Mgr Alfonso Carinci, son "sacristain" particulier, avaient tous les deux pris connaissance favorablement des premiers extraits des visions de Maria Valtorta. Il en est de même de Mgr Luigi Novarese, de la Secrétairerie d’État : il rencontrera ultérieurement Maria Valtorta. Il a été béatifié récemment.

En août 1948, l’imprimatur d’usage est accordé par Mgr Costantino Barneschi dans un livret de 32 pages, auteur inconnu, intitulé Parole di Vita Eterna, selon le vœu de Jésus. Une société éditrice, Laboremus, fut créée spécialement à Rome, mais elle ne dura pas.

Tout cela ne peut s’expliquer sans le soutien favorable et connu de Pie XII.

3 - L’hostilité larvée du Saint-Office.

Mais le 25 octobre 1948, Pie XII fait demander aux Servites, par l’intermédiaire de Mgrs Montini et Tardini, ses secrétaires particuliers, que l’imprimatur soit accordé par un évêque italien pour éviter les réactions de "certains prélats hostiles". Mgr Barneschi était, en effet, en poste en Afrique du sud.

Mgr Montini avance le nom de Mgr Michele Fontevecchia, évêque d’Aquino-Sora (Latium) diocèse où se trouve l’actuel Centro editoriale valtortiano. L’éditeur était spécialisé, à l’époque, dans les éditions religieuses. Mgr Fontevecchia se propose de confirmer l’imprimatur (Lettere a Madre Teresa Maria {it}, Vol. 2, 16 décembre 1948, page 165.), mais il en fut empêché : on le lui "arracha des mains" (Lettere a Carinci {it}, lettre du 24 août 1950).

Ce "on" reste anonyme, mais il ne fait pas de doute que la pression venait du Saint-Office comme la suite le prouve.

Le 29 novembre, le Supérieur des Servites reçoit un appel téléphonique du Saint-Office intimant l’ordre aux Pères Migliorini et Berti de ne plus s’occuper de la diffusion de l’œuvre, sous peine de sanction.

Le 23 décembre, Maria Valtorta reçoit un message pour le Pape Pie XII (Les carnets, 23 décembre 1948.). C’est une supplique grave du Ciel l’invitant à défendre, avec autorité et fermeté, une œuvre qui sera la "gloire future de son pontificat".

Le 15 février 1949, l’œuvre est brusquement stoppée. Le Père Berti est convoqué par deux censeurs, Mgr Giovanni Pepe, en charge de la censure des livres, et le Père Girolamo Berutti. Il n’a pas le droit de parler, seulement de signer la lettre du Saint-Office et de remettre les manuscrits en sa possession. "Ici, ils resteront comme dans une tombe", poursuit Mgr Pepe (Attestation du Père Berti : Exposizione, § 4.). Le P. Berti ne remit que des copies puisque les originaux étaient aux mains de Maria Valtorta.

Aucune trace écrite n’existe d’une telle condamnation et aucun acte officiel ne la mentionne.

4 – La forfaiture du Saint-Office.

Cette pression, illégale au regard du droit canonique et moralement choquante, se poursuivit avec Mgr Biagio Musto, coadjuteur puis successeur de Mgr Fontevecchia. Il céda aux pressions qui lui interdisaient d’accorder l’imprimatur à l’œuvre de Maria Valtorta. Plus tard, il avoua sa honte à Marta Diciotti, la dame de compagnie de la mystique pendant 26 ans (Una vita con Maria Valtorta, Testimonianze di Marta Diciotti {it}, page 388).

Un quatrième essai eut lieu avant la parution du premier tome de ce qui deviendra L’Évangile tel qu’il m’a été révélé. Le cardinal Giuseppe Siri fut sollicité par le P. Berti pour l’imprimatur. Il eut la franchise (et l’audace) d’écrire pourquoi il déclinait l’offre malgré une impression favorable : le Saint-Office "avait la main dessus et il était dangereux (sic !) d’agir contre" (Lettre du 6 mars 1956 citée dans Pro e contro Maria Valtorta {it}, page 97).

Aussi quand le Saint-Office claironne dans son commentaire de la mise à l’Index, après la mort de Pie XII, qu’il n’y a pas eu d’imprimatur et qu’il s’agit d’une désobéissance grave, il signe sa forfaiture car il fut l’auteur conscient et déterminé de cette obstruction, non au grand jour, mais dans l’ombre (Osservatore romano du 6 janvier 1960).

5 – Nul ne peut faire barrage à cette Œuvre sans dommage.

Dès 1946, Jésus avait prévenu : Il ne permettra pas que l’on traite l’œuvre donnée à Maria Valtorta comme une plaisanterie et Il agira en conséquence. Ce ne fut pas une prophétie en l’air (Cahiers, 21 janvier 1946, page 169).

En 1950, le Père Mariano Cordovani meurt brusquement dans l’indifférence générale. Superviseur du Saint-Office, c’était le principal opposant à l’œuvre de Maria Valtorta (Lettere a Madre Teresa Maria, {it} Volume II, page 285-286.). Peu de temps après, il lui apparaît contristé dans le Purgatoire. Jésus commente :
« Il sera là longtemps, longtemps, longtemps au seul motif d'avoir combattu Moi, toi et l'Œuvre, agissant contre la Sagesse, la Charité, la Justice. » (Les Carnets, 6 juin 1950)
En 1952, Mgr Giovanni Pepe est contraint à la démission pour avoir mis à l’Index, sans l’avis de Pie XII, des livres parlant de Padre Pio.

En 1966, l’Index est aboli en droit et en conséquence, mettant chaque lecteur devant sa conscience.

En 1992, la conférence des évêques d’Italie demande à l’éditeur d’avertir le lecteur que cette œuvre ne peut pas être confondue avec la Révélation publique. L’éditeur demande alors qu’on lui fournisse le texte à insérer : il l’attend toujours.

On a voulu faire appel au cardinal Ratzinger comme dernier rempart à une prohibition de l’œuvre, même encouragée par Pie XII. Mais le cardinal Ratzinger, devenu Pape, termina son pontificat par la béatification de deux soutiens déclarés de l’Œuvre de Maria Valtorta.

Car à ce jour, on compte déjà quatre saints et trois bienheureux dans les lecteurs ou promoteurs de l’œuvre de Maria Valtorta (Padre Pio, Jean-Paul II, Mère Teresa, Paul VI, G. Allegra, Mère Maria Inès du Très Saint-Sacrement, Luigi Novarese.) et aucun dans ses détracteurs.

Gamaliel disait sagement dans les Actes des apôtres (Actes des apôtres 5, 38-39.) :
« si leur entreprise vient des hommes, elle tombera. Mais si elle vient de Dieu, vous ne pourrez pas les faire tomber. Ne risquez donc pas de vous trouver en guerre contre Dieu. »
On pourrait appliquer ce jugement à l’œuvre de Maria Valtorta et à toutes ces œuvres inspirées qui font la richesse de l’Église après qu’on ait condamné ou méprisé leur auteur.

François-Michel Debroise
7 avril 2019

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