Quelle est la valeur des révélations privées de Jésus à certains mystiques ?


Le cas de Maria Valtorta ou d'Anne Catherine Emmerich apportent des informations très précieuses sur la vie du Christ.



Par Javier Ordovas, 19 avril 2016.


L’Église Catholique dit de façon très claire (CEC 65,66) que la Révélation publique, officielle, est achevée : C’est celle que l’on trouve dans les livres canoniques de la Bible. Il restera cependant à la foi chrétienne d’en saisir graduellement toute la portée au cours des siècles.

Ce qui n’empêche pas l’existence de révélations privées (CEC 67). Elles n’améliorent ni ne complètent la Révélation définitive, mais peuvent aider à mieux la comprendre à une époque déterminée. Ainsi, il peut y avoir des livres inspirés mais non canoniques.

Le spécialiste François-Michel Debroise nous livre une information très précise à ce sujet.

Marie Valtorta, une mystique italienne décédée en 1961, fut une âme extraordinaire dans une vie ordinaire. À 23 ans un anarchiste la frappe avec une barre de fer, la laissant impotente. À partir de ce jour, elle resta alitée pendant vingt-sept ans, unissant toutes ses douleurs à la passion de Christ. Frappé par sa grandeur d’âme, son confesseur lui demanda d’écrire son autobiographie empreinte de sagesse chrétienne. Elle démarra ainsi son récit en pleine guerre mondiale, alors qu’intervint, de 1943 à 1950, une série de visions extraordinaires. L’ensemble fut retranscrit en 16 volumes, parmi lesquelles son œuvre la plus connue et la plus polémique : L’Évangile tel qu’il m’a été révélé. En 4.800 pages elle y raconte, au jour le jour, la vie de Jésus Christ.

L’œuvre est présentée au Pape Pie XII qui autorise sa publication telle quelle, ajoutant que les lecteurs comprendront d’eux-mêmes s’il s’agit d’une révélation extraordinaire ou non. À la mort de Pie XII, le Saint office met l’ouvrage à l’index, mais par la suite la Conférence Épiscopale Italienne autorise de nouveau sa publication pourvu que soit précisé qu’il ne s’agit pas d’un cinquième évangile, mais d’une révélation privée, au service de la seule Révélation publique.

Particulièrement captivante, la lecture de cette œuvre permet de s’immerger dans la vie du Christ comme si nous y étions. Une œuvre impressionnante à tous les points de vue, aussi bien théologique, historique que scientifique.

Citons deux autres cas de révélations du même type : Marie d’Agreda, une mystique espagnole du XVIIe siècle, a eu des visions de la vie de Marie, la mère du Christ. Le désaccord entre ses deux confesseurs et l’Inquisition de l’époque l’obligent à détruire ses écrits originaux. Elle s’attelle à la réécriture de ses visions, de mémoire, 35 ans après les avoir reçues.

Anne Catherine Emmerich, une mystique allemande du XIXe siècle, a aussi bénéficié d’une vision complète de la vie de Jésus, mais ne l’a pas écrite elle-même. Elle l’a raconté à un ami poète, qui, en la rédigeant, y a introduit des éléments et interprétations personnels.

Maria Valtorta, au contraire, a directement écrit ses visions, à l’instant où elles se produisaient. Paul VI, Padre Pio, ont encouragé la lecture de son œuvre tandis que Mère Térésa en était une lectrice assidue. Le cinquantenaire de la mort de Maria Valtorta fut célébré par un nonce apostolique. Du point de vue théologique, il est surprenant qu’une femme ayant seulement reçu des prêches dominicaux comme formation religieuse, puisse transmettre des contenus d’une telle profondeur et, naturellement, en parfaite cohérence avec la doctrine de l’Église. Du point de vue historique, les biblistes s’étonnent qu’une personne n’ayant pas fait d’études puisse bénéficier d’une telle érudition.

Du point de vue scientifique, c’est une multitude de détails très précis concernant la faune, la flore, les coutumes, l’astronomie, la gastronomie, la géographie, la topographie, qui a conduit l’ingénieur Jean-François Lavère à analyser, pendant 25 ans, 12.000 données de l’œuvre. Il a ainsi donné des informations très intéressantes aux historiens et aux biblistes pour leurs recherches futures.

Aujourd’hui à la retraite, Jean-François Lavère a répertorié pendant plus de dix ans, les détails concernant 700 personnages qui apparaissent dans l’œuvre. Ainsi, les personnalités complexes de Judas ou de Marie-Madeleine sont très bien restituées. Plus surprenant encore, des découvertes archéologiques sont venues confirmer ultérieurement les descriptions de Maria Valtorta.

Texte original espagnol
Traduction portugaise
Traduction italienne

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